Paru dans "Le point" le 30.11.10

Publié le par Mychkine

Gaspard Proust, la nouvelle star du rire jaune

One-man-show. Gaspard Proust à la Cigale, Paris 18e. © Fabienne Rappeneau

Par MARIE AUDRAN

Après avoir triomphé au Studio des Champs-Élysées et affiché complet en octobre à l'Européen, Gaspard Proust, nouveau prodige de l'humour (très) noir auprès duquel Stéphane Guillon passerait presque pour un enfant de choeur, s'attaque à la Cigale. Une carrière éclair pour cet autodidacte de 34 ans, Prix Raymond Devos 2010, qui, il n'y a pas si longtemps, était spécialisé... dans la gestion de fortune à Lausanne. "J'ai eu un réflexe salutaire, l'ennui !" raconte Proust, qui est donc monté sur les planches des théâtres de poche en Suisse. "J'ai joué les Julien Sorel et ai rencontré Madame de Rénal, ma mécène, qui m'a permis de venir vivre à Paris." 

C'est ainsi que ce diplômé de HEC, né en Slovénie dans une vallée minière, a atterri sur la scène du Caveau de la République où il a été repéré par Laurent Ruquier, devenu son producteur. Proust s'est mis à collectionner les premiers prix de festivals d'humour (Juste pour rire à Nantes, Paris fait sa comédie...). Mais qui est, au juste, ce dandy désabusé, passionné de géopolitique, qui dégomme Pagnol et Brassens, parle cru et cul, tout en faisant référence à Baudelaire et Schubert ? "Un entertainer lugubre, un peintre naturaliste", répond-il. On le dit subversif, cruel. "Je ne fais que décrire cliniquement notre époque, sa violence, son absurdité. Forcément, quand on rentre dans ces coulisses-là, ça devient vite insupportable." On le compare à Desproges. "Je me sens plus proche du Houellebecq d'Extension du domaine de la lutte, plus inspiré par Flaubert, Zola et surtout par la bouffonnerie de Dostoïevski." Un ovni du one-man-show, Proust, à la recherche de l'angle aigu perdu...

Publié dans Articles de journaux

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